Basculer dans son fond signifie l'entrée dans un présent éternel
: il n'y a plus que l'instant. Celui-ci se déploie sans pour autant
comporter un apitoiement sur soi-même relatif au passé et
à la culpabilisation quant aux erreurs commises.
Les distances consenties sont comblées, les plis de l'âme
en tant que séquelles de misére s'effacent. Tout est gommé,
les bonnes actions comme les mauvaises. De même,
l'avenir avec les incertitudes qu'il comporte disparaît
pour faire place à un présent qui s'étale calmement telles
les eaux d'un lac. En transcendant le passé et l'avenir,
l'homme intérieur comprend qu'il échappe à l'histoire,
c'est à dire au temps historique, il cesse aussi d'être lié
à l'espace du dehors. En se détachant de toute dualité
qui l'écartèle entre le passé et l'avenir ou encore entre
le bien et le mal, l'homme intérieur recouvre son état originel.
Extrait du livre de Marie-Madeleine Davy ; Henri Le SAUX Swami Abhishiktânanda Le Passeur entre deux rives Les éditions du CERF Collections Témoins spirituels d'aujourd'hui 1981